La musique des paysans musiciens ("lautari") a joué un grand rôle dans le développement du goût artistique des gens du pays. Pour les grands compositeurs, elle représente une source féconde d'inspiration. Au début du XXe siècle, Ion Bîrlea, originaire du Maramures, réalisait une importante collecte de textes du folklore maramoureshain, qui fut publiée en 1908. En 1910, Tiberiu Brediceanu, ethnomusicologue vient à Sibiu en Maramures, envoyé par l'Académie Roumaine afin de collecter les chansons du pays. Il a comme guide le prêtre folkloriste Ion Bîrlea. Ainsi naquit l'ouvrage : "170 mélodies populaires roumaines de Maramures", édité en 1913.
Attiré par ces deux livres, le célèbre musicologue, compositeur et folkloriste de Budapest, Béla Bartók (né à Sînnicolau Mare en Transylvanie en 1881, mort en 1945) vient en Maramures et réalise une collecte exceptionnelle sur le folklore maramoureshain. Le mérite de Béla Bartók est double : il est le premier à offrir une synthèse sur la musique populaire du pays et à la saisir d'une manière scientifique, ce qui introduira cette musique dans le circuit artistique universel. Le compositeur reviendra en Maramures, il présentera un concert de piano à Sighet et sera accompagné à travers les villages par Ioan Busitia, qui l'aidera à connaître de près la musique populaire roumaine et à aimer ce peuple. En 1923, il publie à Munich les chansons du peuple du Maramures ; son analyse se conclut sur l'idée que la musique de communautés placées dans des conditions socio-économiques et historiques similaires est ressemblante. Les conclusions de sa recherche sont : 1. La musique, tout comme le langage populaire, possède un dialecte propre. 2. La valeur du contenu artistique et esthétique du folklore maramoureshain est incontestable. 3. L'authenticité de cette musique et l'attention que la communauté porte à ses valeurs traditionnelles prouvent qu'il ne peut s'agir d'une musique empruntée aux Ukrainiens ou aux Hongrois. 4. La haute qualification artistique du peuple maramoureshain est prouvée également à travers sa musique. Tous les matériaux recueillis par Béla Bartók en Maramures furent publiés en 1967 aux États-Unis, en cinq volumes.
Tiberiu Brediceanu, dans ses études sur le folklore roumain, affirme : "Même les "lautari", les compositeurs de ces mélodies de danse sont des Roumains et non pas des Tziganes. Vivant depuis des générations dans un milieu culturel roumain non influencé de l'extérieur, leur création musicale n'est pas et ne peut pas être étrangère. Le "lautar" roumain joue au violon ("ceterâ") d'une manière très spécifique. Les informations des musiciens qui fabriquent eux-mêmes leurs instruments nous donnent à penser que cet instrument y était déjà présent avant 1700. Le violoniste ("ceterâ") est accompagné par la guitare à 2 ou 4 cordes ("zongura"). La présence du tambour ("doba") dans l'orchestre paysan du Maramures nous montre la grande importance du rythme dans les "horas" maramoureshaines. Au-dessus des tambours, on a introduit le "tingalaul", instrument en cuivre ou en aluminium qui, frappé en contretemps avec le tambour, produit un effet spécifique pour la musique de danse." Autres instruments utilisés : la flûte bergère (30-40 cm ou 70-80 cm), la musette ("tilinca"), en bois ou en métal, avec ou sans bouchon et des trous pour les doigts, la grande flûte de berger ("bucium") en bois et la trompette ("trîmbita") en métal (1,30 - 2 m) utilisée spécialement par les bergers pour communiquer et appeler les troupeaux, mais aussi pour interpréter les mélodies spécifiques à la bergerie ou aux enterrements d'un berger ou d'un jeune homme.
Adaptées pour la scène,
transformées en manifestations culturelles, les coutumes
deviennent des spectacles qui nous réjouissent et nous
élèvent par leur vigueur, leur authenticité,
leur couleur et leur qualité artistique au-dessus du quotidien,
en nous convainquant des vertus pérennes du Maramures et
en nous offrant une vision équilibrée du monde.