Coutumes familiales

Le Maramures garde encore une grande partie de ses rites liés à la naissance, au mariage et à l'enterrement. La logique de ces seuils ordonne toute la vie paysanne. Chacun de ces moments représente le passage à un autre état d'existence, impliquant une nouvelle forme de vie, un autre système de relations sociales et de comportements. Ce sont des rites de passage.

La naissance

Elle marque le passage d'un monde inconnu à notre monde, blanc, connu, avenant. Afin d'être purifié et intégré dans ce nouvel univers, l'enfant doit être séparé du milieu antérieur, c'est-à-dire de sa mère. A cette fin, mère et enfant sont confiés durant les premiers jours à une autre personne - la sage-femme - qui peut officier le rite de séparation : coupure du cordon ombilical, premier bain rituel, emmaillotement. Elle peut même donner le nom à l'enfant si la vie de celui-ci est en danger. D'habitude, le nom est accordé au moment du baptême, quand l'enfant est déjà intégré dans la communauté chrétienne et familiale. Conduit au baptême par la sage-femme et la marraine, l'enfant retourne de l'église à la maison où on fête la "botejunea" : il s'agit d'un festin agrémenté de vœux et de cadeaux pour le nouveau-né, de la part des proches de la famille. Dans la vie du village, la sage-femme et son activité constituent une institution respectée, une distinction reconnue par toute la communauté et non pas une profession rémunérée ou récompensée. Les femmes qui assistent la sage-femme deviennent ses "belles-filles" et, une fois par an, elles fêtent chez elle "la réunion des belles-filles" : elles l'honorent par des louanges et des chants au cours d'une soirée où seules les femmes sont admises. C'est à minuit que les hommes viennent pour les reconduire chez elles.

La noce

Evénement complexe, la noce recouvre des dimensions économiques, juridiques, rituelles et folkloriques, qui convergent dans un grand spectacle populaire, une sorte de manifestation artistique du village. Fonder une famille est chose digne d'attention pour toute la communauté rurale ; et tous ses membres y participent, directement ou indirectement, activement ou passivement. Le cérémonial comprend trois moments importants. D'abord, les fiançailles célébrées dans la maison de la mariée, dans un cercle restreint de parents et de proches de la famille. Vient ensuite le mariage. Le mari et la mariée, chacun de leur côté, assistés par leur famille et leurs amis, se préparent pour la noce. On y chante les chansons rituelles qui accompagnent spécialement ce moment. Le mari et ses amis dansent la "danse de l'étendard". Les deux groupes se rendent à l'église séparément. Après le rituel religieux, commence la noce proprement dite. Les mariés et leurs groupes se réunissent pour le festin au cours duquel l'orchestre des musiciens du village ("taraf") ne cessera de jouer des chansons correspondant à chaque moment du rituel. Conduits par le "tarai" de l'église à l'endroit du festin, les gens de la noce y consomment des plats et des boissons servis selon un ordre précis, toujours accompagnés de la musique. Puis, jeunes et vieux commencent à danser. Finalement, on conduit les mariés, le "taraf" en tête, à la maison où ils habiteront.

L'enterrement

Ce rite, en Maramures et, plus généralement, chez tous les Roumains, est celui qui s'est le mieux préservé. Conçu comme tout rite de passage en trois étapes, il comprend la séparation du monde des vivants, la préparation du passage dans l'autre monde et l'intégration dans ce dernier. Cela amène le rétablissement de l'équilibre social, rompu par le départ du défunt d'entre les siens.

Pour alléger sa mort et se réconcilier avec soi-même, le moribond demande pardon à ses parents, à ses voisins et à ses amis. Ses derniers souhaits doivent être rigoureusement respectés par amour et aussi par crainte des conséquences néfastes en cas contraire. Le mort est lavé, habillé de vêtements de fête et reste dans la maison trois jours. Pendant ces trois jours et soirs de préparation pour son dernier chemin, on partage un festin de commémoration au cours duquel les convives évoquent des événements de la vie du mort. C'est toute la communauté qui prend part à l'enterrement: le diacre chante le "vers" - poème en vers récapitulant les moments importants de la vie du défunt. De retour du cimetière, les gens entrent dans la maison du mort pour partager le festin de commémoration.

Un cas spécial est celui de l'enterrement d'un jeune homme ou d'une jeune femme, non encore marié. Le cérémonial se transforme en empruntant d'importants éléments du rituel de la noce. Revenus de la tombe, les gens participent à un festin du même type, accompagné de musique et de danse, plein de gaieté, car ils prennent part aux noces que le mort aurait désirées.